dimanche 18 mars 2012

エゾモモンガ [Ezo-momonga], polatouche momonga ou Emolga

Les Japonais connaissent plusieurs écureuils volants ou "polatouches" sur leurs trois grandes îles.
Nous présenterons le Pteromys volans erii (au nord dans l'île d'Hokkaido) puis le Pteromys momonga, une espèce plus petite (plus au sud, dans les îles d'Honshu et de Kyushu).

Etymologie :
"polatouche" : "Empr. au polon. polatucha, signifiant "écureuil volant" (CNRTL).
Le terme momonga signifie lui aussi "écureuil volant", Ezo-momonga permettant de distinguer l'écureuil de Sibérie qui vit sur Hokkaido (Ezo est une des autres appellations de l'île d'Hokkaido).

 1. Le polatouche ezomomonga, Pteromys volans erii
Pteromys volans orii sortis du nid, Utoro ©The Yomiuri Shimbun, Hokkaido


Photo parue dans le journal Yomiuri On Line, avec le titre en japonais [traduction] : "Des écureuils Pteromys volans orii sortis du nid, dans le quartier d'Utoro de la ville de Shari".

[Traduction de l'article original, devenu introuvable sur le site du journal :]
29 janvier 2004
     "Une famille de six écureuils volants de Sibérie (Ezo-momonga, エゾモモンガ) a pu être observée depuis quelques jours dans la forêt proche des bureaux provisoires "Shiretoko Ryûhyô" (ville de Shari, quartier d'Utoro) du journal Yomiuri. C'est comme si ces animaux voulaient soutenir la reconnaissance de la péninsule de Shiretoko en tant que patrimoine naturel mondial.
     Cette espèce est de la même famille que les écureuils momonga, d'une hauteur d'environ 15 cm avec des yeux tout mignons, ronds et noirs. Ils vivent dans de petites cavités à l'intérieur des arbres morts dans la forêt. Afin de se protéger du grand froid lorsque la température avoisine les -10°C, ils se blottissent les uns contre les autres pour se réchauffer durant la journée.
     La petite famille, sortie de son nid avant le coucher du soleil, a étendu ses ailes et s'est envolée en planant. "
source : The Yomiuri Shinbun
Pteromys volans orii à Higashikawa (Hokkaido) ©Tokumi, 31 mars 2009


2. Le polatouche momonga, Pteromys momonga
Le momonga est bien moins connu et a donc été moins étudié que les autres Pteromys.

Parmi les Pteromys, seuls les momongas sont des animaux nocturnes, ce qui rend difficile leur observation et donne l'impression qu'ils sont en nombre de plus en plus restreint :
"Japanese flying squirrels are strictly nocturnal and silent in flight. They rarely remain on the ground, instead spending their time in the trees. During the day, these animals can be found in their nests or in a hole in trees. They emerge at dusk, moving quickly about the treetops. This is probably a predator-avoidance adaptation." (source)
Japanese Flying Squirrel (Pteromys momonga), dessin ©I. Foitová (Křížanová), 17 octobre 2009)


3. Seule la variété japonaise, Pteromys momonga, est à l'origine de la figure d'Emolga, l'un des très nombreux Pokémon
Emolga ©Nintendo

Autres images du Pokémon Emolga :
http://it.wikipedia.org/wiki/File:587_Emolga.png (© accordé par Nintendo uniquement à Wikipedia-Italie)
http://www.mypokecard.com/fr/Galerie/Pokemon-Emolga-18
http://legendepokemon.blog4ever.com/blog/lire-article-412717-2213994-emolga_le_emonga.html
http://www.pokebip.com/pokemon/pokedex/pokedex_5G_fiche614__Emolga.html


4. Momonga/Emolga : très belle version hybride Polatouche/Emolga, création d'artiste
Pokémon: Emolga (©Kerynean, 14 mars 2011)
L'artiste a semble-t-il voulu faire une représentation réaliste du Pokémon Emolga, plus proche des momonga.


5. Dessin ancien tiré d'un ouvrage de P.F. von Siebold
Source : Université de Kyoto qui a numérisé l'ouvrage
Siebold (Philipp Franz von), 1842, Fauna Japonica, Mammalia-Reptilia, p. 47 (ill. 14).
Pteromys momonga, illustr. 14 ©Kyoto University Library, 2000

Documentation :
Pteromys volans
Pteromys momonga
http://www.angelfire.com/realm2/lex_exotics/jdflyingsquirrel.html (Pteromys momonga)
Watkins, T. 2002. "Pteromys momonga" (On-line), Animal Diversity Web. Page consultée le 11 mars 2012 (Pteromys momonga)

Autres photos sur les polatouches (toutes espèces et variétés malheureusement confondues) :
http://udivit-sozdaniy.livejournal.com/45181.html
http://eucaryotes.fr/polatouche_070.htm
http://undeadmolly.blogspot.com/2007/04/sunday-morning-buffet-momonga.html
http://momonga.cside.com/momokoto/gsmon/post01.htm
http://blog.goo.ne.jp/maro1577/e/b6b7a7b02b04176531218e2e9ea88756

Vidéos :
http://www.youtube.com/watch?v=x6YyMBQSK-M (vols)
http://www.youtube.com/watch?v=xWPruY7uyeQ&feature=related

mardi 6 mars 2012

Un chapardeur dans le centre de détention de Christmas Island : "Courage, fuyons !*"

*"Courage fuyons" film par Yves Robert en 1979.
Giant coconut crab, cliché ©probablement de B. Fernandez, août 2007, dans le "Christmas Island Detention Centre"

Le crabe de cocotier 
Il appartient à la même famille que le bernard-l'hermite.
C'est le plus grand crabe terrestre et même le plus grand arthropode terrestre (du grec arthron "articulation" et podos "pied").
Son nom latin est Birgus latro (venant du latin latro signifiant "brigand, voleur"). On l'appelle aussi "pagure larron", "crabe à bourse", "boursière" ou "crabe voleur", car il s'intéresse à tout ce qui a un rapport avec la nourriture, même à l'intérieur des habitations.
Ce qui le caractérise, en dehors de sa grande taille, est le fait qu'il ne peut pas aller dans l'eau : son système respiratoire est constitué d'un poumon branchiostégal, stade intermédiaire entre branchies et poumons, vestige de son évolution.
On le trouve depuis l'Océan Indien jusqu'à l'Océan Pacifique, mais les endroits où il est absent (Bornéo, Indonésie, Nouvelle-Guinée) correspondent aux zones où il a été consommé jusqu'à l'extinction.
L'homme le mange habituellement, mais quelques rares cas d'empoisonnement ont été relevés, dûs à la capacité de ce crabe à manger un peu tout, même des plantes toxiques.

Christmas Island
L'île où la première photo a été prise fait partie des territoires extérieurs de l'Australie depuis 1958 : auparavant, elle était sous domination britannique du fait de sa richesse en phosphates. C'est aussi une île d'origine volcanique.
Elle est située à l'est des Cocos Islands (Keeling), dans l'océan Indien, au nord-ouest et à 2 600 km des côtes de l'Australie (ville de Perth).
Les deux-tiers de l'île ont été déclarés Parc national en 1989, entre autres pour protéger une rare variété de petit crabe, le crabe rouge de l'île Christmas (Gecarcoidea natalis), qui n'existe d'ailleurs que sur cette île.

Christmas Island red crab, cliché ©R. Dominguez, janvier 2006
Dans les années 2001-2007, l'île est devenue le plus grand centre de détention australien, destiné à enfermer les migrants débarqués clandestinement sur Christmas Island et qui voulaient rejoindre l'Australie. C'est pourquoi l'île a été surnommée "l'île-prison".

Le crabe de cocotier dans le Pacifique
le crabe de cocotier dans les îles Torres, au Vanuatu
Ne gutut [nəɣʉˈtʉt] "crabe de cocotier" – langue hiw, îles Torres, Vanuatu (cliché ©A. François)
   Le crabe de cocotier constitue un mets de choix, à la fois auprès de la population locale qui traditionnellement les chasse, mais aussi auprès de nombreux restaurants de la capitale, qui proposent sa chair délicate pour des prix comparables à ceux des homards et langoustes. Dans les îles, les crabes de cocotier (krab kokonas en pidgin) ont un régime alimentaire très "bio", consistant surtout en noix de coco. Ils constituent une part importante des revenus économiques des petites îles Torres.

– Crabe de cocotier à Motalava (l'une des îles Banks au Vanuatu)
"[…] mis à part les quelques petits perroquets ou chauves-souris que poursuivent les enfants, la terre ne présente guère d'animal sauvage. La seule exception peut-être, qui fait d'ailleurs la réputation de Motalava dans tout le Vanuatu, sont les délicieux "crabes de cocotier" (nadiy en langue mwotlap), qui ne se nourrissent que de noix de coco."
(sur le site d'A. François)

Quelques contes d'Océanie sur le crabe de cocotier
– en langue iaai (Ouvéa, îles Loyauté, Nouvelle-Calédonie) : « Le bernard-l'hermite et le crabe de cocotier » (texte recueilli par F. Ozanne-Rivierre vers 1948)
"Un jour, une grand'mère envoya chercher tous les animaux et les oiseaux de l'île pour une réunion.
Elle souhaitait les bénir
La nouvelle se répandit dans toute l'île.
Bon ! Voilà les animaux qui arrivent.
Ceux qui volent, ceux qui rampent et ceux qui marchent.
Grand'mère, nous sommes tous là, nous venons t'écouter
Vérifiez bien pour voir si vous êtes tous là.
Non ! Il y a deux absents,
ce sont les fameux crabe de cocotier et bernard-l'hermite. […]"
La suite *ici* (à lire ou à écouter).

– en langue fagauvea (Ohnyat près d'Ouvéa, îles Loyauté,  Nouvelle-Calédonie) : « Les deux bernard-l'hermite et le crabe de cocotier » (texte recueilli par Claire Moyse-Faurie en 1997)
"Voilà, c'est une histoire de bernard-l'hermite ; l'un d'eux sort de dessous une pierre; un autre arrive du bord de mer.
Ils s'en vont par là-bas, ils croisent un vieux en train de griller des trocas et des nérites.
En fait, il s'agit d'un vieux couple de bernard-l'hermite qui grille des trocas et des nérites puis jette les coquilles vides.
Le couple jette les coquilles vers la mer.
Les deux compères accourent depuis l'intérieur des terres et s'esclaffent : "Dis donc! Regarde là-bas au bord de mer, les manous, il y en a un pour moi !
La coquille de la nérite est trop petite mais par contre, celle du troca est bien, elle est grande."
Chacun essaie une coquille de troca.
L'un des deux s'enfile dans un grand troca, peut-être que son pantalon est grand !
Ensuite, ils repartent.
En fin de compte, l'un est entré dans une nérite, l'autre dans un troca.
C'est ainsi qu'ils remontent du bord de mer,
aperçoivent quelqu'un qui grimpe sur un tronc de cocotier, […]"
La suite *ici* (à lire et/ou à écouter).

– en langue araki (île d'Espiritu Santo, Vanuatu) ; traduction en anglais : « Hunting for coconut crab » (texte recueilli par A. François en 1998)
"Right now, I would like to tell the story of the coconut crab.
Two men went to Rahuna to look for coconut crabs.
They had taken water, they had taken ropes,
so that, if (one of them) heard a coconut-crab at the top of a tree,
... at the top of a palmtree, he could wet the rope with the water...
... and use it to climb up to the top of the palmtree,
... and seize the crab up there. […]"
La suite *ici* (à lire et/ou à écouter).

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