mardi 29 novembre 2011

Spécial "π-oeuvre", ou poulpe

   Le mot "poulpe" vient du grec polypous qui signifie "plusieurs pieds". La pieuvre ou poulpe est le nom utilisé pour de nombreuses espèces de céphalopodes, mot venant de Cephalopoda, du grec képhalé, "la tête", et pous, podos, "le pied". Les céphalopodes sont un embranchement des mollusques, comprenant aussi les calmars ou les seiches. Les octopodes, à huit pieds, sont une branche des céphalopodes. Je ne détaillerai pas plus l'organisation interne de cette étrange famille. Si vous désirez en savoir plus, jetez un coup d'oeil à mes sources.

Des dessins de céphalopodes ci-dessous :

Kunstformen der Natur (1904), plate 54: Gamochonia

On ne s'en doute pas, mais les pieuvres ont des qualités et des caractéristiques vraiment exceptionnelles.

   Tout d'abord, leur anatomie incroyable : un pied divisé en de nombreux bras, surmonté d'une tête. Les bras sont couverts de nombreuses ventouses (jusqu'à 200 sur chacun des bras) et au coeur de ces bras se trouve leur "bec" qui leur sert à manger des proies. Il y a à l'intérieur de leurs bras quelque chose de vraiment inhabituel : les pieuvre ont les deux tiers de leurs neurones dans leur bras ! Et le dernier tiers se trouve dans leur tête.

   Ces neurones plutôt bien répartis leur donnent une intelligence exceptionnelle : les céphalopodes sont considérés comme les plus intelligents des invertébrés, c'est-à-dire de ceux qui ne possèdent pas de colonne vertébrale. En effet, on aurait du mal à imaginer que ces poulpes sont capables de mémorisation et d'apprentissage : certains sont capables de retirer le couvercle d'un bocal contenant de la nourriture. Les poulpes peuvent donc apprendre par eux-même, mais on a aussi pu constater que les poulpes pouvaient transmettre des connaissances à d'autres poulpes du même groupe en leur montrant comment faire un geste ou un autre dans un certain but.
   Mais ils ne peuvent pas transmettre leurs connaissances à leur progéniture. En effet, les pieuvres surveillent sans arrêt leur oeufs jusqu'à ce qu'ils éclosent, puis meurent épuisées par le jeûne.
   On a pu voir certaines pieuvres disposer des coquillages autour de leur habitat, ce qui est interprété par certains comme une sorte de décoration, mais pourrait aussi être une forme d'appât. En effet, les coquillages brillent et font penser à des petits poissons ; les autres poissons pensent que les coquillages sont des poissons en train de manger quelque chose, ils vont les rejoindre et sont pris au piège, mangés par le poulpe ou la pieuvre.
   Les pieuvres sont aussi capables d'utiliser des outils pour se camoufler des prédateurs ou pour pouvoir mieux surprendre leurs proies. Regardez la vidéo ci-dessous où des pieuvres utilisent des noix de coco pour se camoufler, puis emmènent ces noix pour pouvoir ensuite les réutiliser si besoin.

Le lien de la vidéo complète ici : lien

   Un autre exemple datant du Ier siècle, écrit par Pline l'Ancien dans son Histoire naturelle : « Le coquillage n'a ni la vue ni aucune autre sensation que celle qui lui fait connaître l'aliment et le danger. En conséquence, les poulpes guettent le moment où il est ouvert, et mettent un petit caillou entre les valves, mais en dehors du corps même de l'animal, de peur qu'il ne chasse le caillou par ses contractions : dès lors ils attaquent leur proie avec sécurité, et ils extraient les chairs ; l'animal se contracte, mais en vain ; un coin rend ses efforts inutiles. Tant est grande l'habileté des animaux même les plus stupides !  ». 
En effet, les poulpes se nourrissent de crabes et de coquillages, mais la seule partie de leur corps qui n'est pas molle est leur bec, donc elles doivent protéger leur tentacules et le reste de leur corps des pincements de leurs proies. Les pieuvres de taille normale peuvent aussi se nourrir de poissons et de gros poissons.

   Enfin, la pieuvre a le sang bleu car sa composition est différente de celle des vertébrés (l'hémoglobine est remplacée par l'hémocyanine), certaines espèces peuvent vivre jusqu'à 5 ans (à condition qu'elles ne se reproduisent pas), elles peuvent projeter des nuages d'encre et leur bras peuvent repousser s'ils sont sectionnés (comme chez l'axolotl).



Sources :
http://www.imaginascience.com/articles/biologie/vivant-etonnant/nature-etonnante6.php
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pieuvre
http://fr.wikipedia.org/wiki/Intelligence_des_cephalopodes 
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cephalopodes
http://fr.wikipedia.org/wiki/Octopode

mardi 22 novembre 2011

Le dytique

  J'ai découvert cet insecte quand j'étais toute petite, alors que j'étais en vacances dans le sud de la France. Il ressemblait à un gros scarabée noir. Mais le plus surprenant, c'est qu'en plus de marcher et voler... il nageait et plongeait sous l'eau ! Je l'appelais donc le "plongeur", par naïveté enfantine.

  On ne voit pas si souvent des insectes qui nagent ! Surtout lorsqu'ils ressemblent à de gros scarabées... Et on sait que la plupart des insectes meurent dans l'eau ! Comment le dytique se différencie-t-il des autres insectes ?

  Quand vous aurez jeté un coup d’oeil sur l'ensemble des différents dytiques ci-dessous, je vous donnerai de plus amples informations :

Fauna Germanica: Die Käfer des deutschen Reiches (vol. I, pl. 39), 1908
  Le dytique vit presque partout sur la planète, sous différentes formes, comme vous l'avez vu ci-dessus. Son nom vient du latin dytiscus qui provient du grec δυτικός signifiant "qui aime à plonger". Le dytique appartient à la famille des coléoptères (dont font partie aussi les scarabées). On peut qualifier les dytiques de "coléoptères dulçaquicoles" car ce sont des coléoptères vivant dans des eaux douces.

  La première chose particulière chez les dytiques est qu'ils possèdent sur leurs pattes arrières des poils : c'est ce qui leur permet de nager dans l'eau. Comme ils peuvent nager, cela signifie qu'ils peuvent se déplacer dans, sous l'eau et revenir à la surface selon leurs besoins.
Comment font-ils pour ne pas se noyer ? Ils font une provision d'air entre leurs ailes et leur abdomen. Lorsqu'ils nagent profondément, cet air est légèrement comprimé, et ils subissent la poussée d'Archimède les poussant vers la surface de l'eau. Dans ces cas-là, ils s'accrochent à des algues ou à des plantes avec leurs pattes garnies de poils pour lutter contre cette pression.
Ils n'ont pas de branchie leur permettant de respirer sous l'eau, juste une simple trachée : ils doivent donc remonter régulièrement à la surface.


  Ensuite, comme vous avez pu le voir, les larves du dytique ont des mandibules ! Elles peuvent aussi vivre dans l'eau, comme les adultes. Comme elles sont plus grandes que les dytiques adultes, ces larves sont mêmes capables de se nourrir de dytiques adultes.
En effet, les larves et les adultes sont tous deux carnivores. Les dytiques se nourrissent de têtards, de vers de vases, voire parfois de petits poissons, tandis que les larves sont capables de digérer la même chose à l'aide d'un venin semblable à celui des araignées, leur permettant de dissoudre les tissus de leur proies.


  Enfin, les dytiques ne sont actifs que pendant le printemps ! Le reste de l'année, ils hibernent dans le sol. Et c'est pendant le printemps qu'ils se reproduisent.

N.B. : Certains dytiques peuvent même vivre sous la glace et tous savent pincer ce qui passe à leur portée.

Source :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Dytique

lundi 14 novembre 2011

La sensitive

Ci-dessous un dessin de cette plante :
D'après Francisco Manuel Blanco, Flora de Filipinas (Atlas II, f° 253), 1880-83
   Cette fleur pourrait presque être confondue avec une simple mauvaise herbe et passer inaperçue auprès de nombreuses personnes. Qu'a-t-elle d'exceptionnel ?
Tout d'abord, son nom : pourquoi l'appelle-t-on sensitive ? Arriverait-elle à sentir les "contacts" du monde extérieur ? Il existe déjà de nombreux débats sur la question du ressenti des plantes, sur le fait qu'elles pourraient ressentir du mal ou du bien selon la façon dont on les traiterait ; mais il n'y a pas encore de réponse scientifique officielle quant à cette hypothèse...
Comment, ici, peut-on être sûr qu'elle ressent les "contacts" des éléments comme la pluie, le vent, des herbivores ou des humains ?

   La sensitive, originaire d'Amérique tropicale, possède une particularité qui permet de vérifier d'une manière illimitée qu'elle sent bien un "contact" lorsqu'elle est "touchée" par des éléments, c'est à dire de vérifier qu'elle peut réagir face à des stimuli externes comme le toucher, la chaleur, le souffle ou des secousses.
En effet, la plante présente une thigmonastie face à ces stimuli : elle replie ses feuilles et ses tiges en quelques secondes, plus ou moins selon l'intensité du stimuli. La sensitive a des cellules spécialisées permettant ce mouvement, des cellules "motrices" permettant à la plante de déplacer l'eau contenue dans ses cellules suivant les stimuli, engendrant un repli de la plante aux zones stimulées. Le nom latin de la sensitive montre une image très charmante de cette fleur : mimosa pudica vient du latin mimus : « mime » et pudicus : « pudique/chaste/timide », comme si la plante se repliait sur elle-même par timidité.
   Si elle ne se replie pas par timidité, des scientifiques ont pu démontrer qu'elle se repliait tout d'abord pour se protéger des prédateurs : lorsque la plante est repliée, elle semble avoir moins de feuillages, donc être moins appétissante pour les herbivores. D'autre part, le fait qu'elle puisse se replier aussi lors d'une tempête ou d'une inondation par exemple lui permettrait de mieux supporter les intempéries. Certains scientifiques ont émis une autre hypothèse pouvant expliquer cette thigmonastie : comme la plante est courante dans les zones tropicales (fortes pluies suivies de longues périodes sèches), le fait qu'elle se replie lors des pluies permettrait à la terre de mieux s'imbiber d'eau et lorsque le soleil revient, l'ouverture de la plante empêcherait un dessèchement de la terre trop rapide.
   Cette plante, en plus de se protéger des évènements extérieurs, a une autre caractéristique principale, dont les scientifiques n'ont pas réellement encore trouvé la fonction : c'est une espèce nyctinastique, c'est à dire qu'elle replie entièrement ses feuilles et ses tiges la nuit –sans autre stimuli que la lumière ou l'absence de lumière– et déplie ses feuilles et ses tiges à la levée du jour.

Ci-dessous un aperçu du phénomène de la thigmonastie :

J'ai moi-même créé un montage d'extraits vidéos tirés de ces sites :


N.B. : La sensitive est considérée comme une mauvaise herbe en Nouvelle-Calédonie. En effet, elle prend facilement racine et quand on marche dessus ses épines peuvent provoquer des blessures qui s'infectent.


Références :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Sensitive
Un document très détaillé au niveau cellulaire de la plante : La Thigmonastie chez les plante - Master VRV (Valorisation des Ressources Végétales) ; 2011, Di Pascoli T. et Guillou S., Analyse bibliographique et communication scientifique : la thigmonastie chez les plantes, Master 1 - Biologie et Valorisation des Plantes, Université de Strasbourg, 31 p.

dimanche 6 novembre 2011

Spécial "Cerf(pent)-volant"

De longs et fins reptiles rampant sur le sol...voilà l'image que l'on a d'un serpent ordinaire.
Mais le serpent d'aujourd'hui n'est pas comme les autres : il ne rampe pas seulement sur le sol...

Regardez cette vidéo pour commencer à comprendre quelle est sa particularité :

La vidéo complète commentée en anglais :

Ces serpents rampent aussi sur les arbres ! Et ils ne font pas que cela : après être allés en haut d'un arbre, ils sautent d'arbres en arbres ! Et lors de leurs sauts, fait exceptionnel : ils planent.
Pour mieux constater le fait que ce serpent plane, je vous laisse voir cette autre vidéo ci-dessous :

Extrait de cette vidéo : Gliding snake

On voit bien sur cette vidéo que le serpent ne fait pas que tomber, qu'il "vole" et arrive à se diriger, à "nager" dans l'air pendant sa chute... Mais comment est-ce possible ?

Cette espèce de serpent appartient au genre Chrysopelea. Toutes les espèces de ce genre sont d'ailleurs souvent appelées "serpents volants".
Lors d'une chute, ces serpents transforment leur corps pour pouvoir planer : leurs muscles écartent automatiquement leurs côtes et leur squelette s'aplatit. Cet aplatissement de leurs côtes permet alors au serpent d'être deux fois plus large, donc d'avoir une meilleure portance dans l'air et de pouvoir planer au lieu de tomber comme une pierre.

À voir absolument : un documentaire de France 5 de 4 minutes très bien présenté sur une de ces espèces, le Chrysopelea paradisi (du paradis) : http://www.dailymotion.com/video/xi3bqj_les-serpents-volants-de-borneo_webcam 

Sources :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Chrysopelea
Science&Vie Junior n°265, pages 56-59, octobre 2011